EDITORIAL
Force nous est de constater que nous sommes les mal-aimés de la profession sylvicole. L'Administration des forêts semble nous considérer comme quantité négligeable, alors que nous sommes la voix des 7097 propriétaires forestiers de plus de 4 hectares, possédant les trois quarts de la surface forestière du département. C'est désobligeant.
Aucune aide pour la reconstitution après incendie n'a encore été accordée, bien que certains propriétaires aient accepté des rabais considérables par rapport à ce qui avait été financé dans d'autres départements, après les dégâts de la tempête de 1999, ou les bris de neige chez nous en 2000. C'est décourageant.
Les recrutements de personnel prévus par la Loi Forestière pour renforcer les Centres Régionaux de la Propriété Forestière ne sont pas encore autorisés, malgré une réduction de plus de 30% des effectifs prévus.
Après ce constat, il apparaît normal que, si l'Etat et les collectivités territoriales ne souhaitent pas ou ne sont pas capables de financer les contraintes qu'ils nous imposent, ils suppriment toutes les servitudes qui écrasent nos libertés : droit de préemption, site classé, Natura 2000, zonages divers, arrêté de biotope, Parc, et autres obligations de toutes sortes. La liste exhaustive des contraintes ne tiendrait pas dans une seule page; il y en a plus de 100. Nous les avons comptées.
Une fois pour toutes, qu'on nous dise clairement si nous devons avoir pour objectif de gérer durablement nos forêts ou si nous devons changer l'orientation et l'activité des surfaces qui nous appartiennent, et que nous ne pouvons pas délocaliser. Il ne manque pas de spéculations beaucoup plus lucratives que de conserver des forêts à risque, qui ne nous rapportent rien ou pas grand chose.
La DFCI (Défense de la Forêt Contre l'Incendie) dans le Var pour cette année ? 4.997.587 euros, seulement pour les travaux d'infrastructures, routes et pare-feux, bien souvent non utilisés, ou utilisés à d'autres fins que pour la DFCI. Il serait peut-être judicieux d'utiliser une grande partie de cette somme pour la gestion sylvicole durable.
La circulation en forêt et l'ouverture au public restent des problèmes dont nous avons largement débattu. Nous rappelons que, contrairement à ce que nous avons pu lire ces derniers temps, la grande majorité de nos adhérents n'y est pas favorable. Ceux qui souhaitent se livrer à une activité d'accueil peuvent se référer au modèle de contrat
rémunéré que nous avons édité. Mais là encore, contrairement à ce qu'affirment certaines collectivités, vous devez vous assurer vous-mêmes. Car personne ne peut s'assurer pour vous et prendre votre responsabilité à votre place.
Les organismes d'Etat prennent de plus en plus d'importance. A contre sens de l'évolution des sociétés modernes, la politique française semble de plus en plus se collectiviser, dans l'archaïsme aveugle d'un idéal dépassé.
Je manifeste souvent ma mauvaise humeur. Mais voici enfin une bonne nouvelle, qui vient de notre propre organisation : le Centre Régional de la Propriété Forestière a présenté à M. le Préfet de Région le Schéma Régional de Gestion Sylvicole. C'est un ouvrage très important à la rédaction duquel les administrateurs du CRPF ont participé, et que les techniciens ont rédigé sous la haute compétence du directeur, Monsieur l'ingénieur Bernard GUAY. Cet ouvrage, sur CD pour l'instant, vous sera présenté lors de notre prochaine Assemblée Générale. C'est en quelque sorte le guide du Forestier privé, qui vous indiquera, à l'aide de fiches, la marche à suivre pour gérer votre propriété, selon le type de végétation, la situation géographique et géologique de celle-ci, la façon d'exploiter, d'organiser, de rentabiliser etc. Nous avons reçu les félicitations des autorités et des DDAF des départements voisins, pour ce travail qui définit et conseille une politique forestière pour les propriétaires de la Région.
Et maintenant, chers amis, préparez-vous à passer de bonnes fêtes, et soyez persuadés que si la France est belle, c'est parce que nous l'avons faite ainsi.
Louis VALENTIN, Président du syndicat