MANIFESTE
POUR UNE MISE EN DEFENSE DURABLE DE LA FORET DU VAR
Cette année cinq pompiers sont morts au feu ; nous avons perdu quatre avions et de nombreux véhicules. Sans compter les vies humaines qu'il serait impudique d'estimer, c'est beaucoup d'argent. Les incendies de forêts dans le midi de la France ne sont pas une fatalité. Malgré tous les moyens dont on dispose, le dévouement et le sacrifice des pompiers, la lutte contre les feux ayant pris la dimension de grands incendies est extrêmement aléatoire et coûteuse.
Si nous examinons les causes, nous tenons pour responsables :
1. La circulation routière intensive, due à la migration des vacanciers, de plus en plus importante.
2. La prolifération des chemins réservés à la défense contre les incendies qui sont autant de sources de pénétration des massifs et sont souvent utilisés pour d'autres activités que celles pour lesquelles ils ont été créés. De plus, nombre d'entre eux ne peuvent plus être utilisés par les pompiers parce qu'ils ne sont plus aux normes exigées.
3. La criminalité, non réprimée sous prétexte d'attendus fallacieux se référant à l'enfance malheureuse du prévenu, à ses déboires conjugaux ou à son irresponsabilité mentale !
4. La modification du climat induit une sécheresse persistante, qui est elle-même la cause de la mortalité des arbres, d'où un accroissement de biomasse qui est extrêmement combustible.
5. La sous-exploitation de la forêt due à la très faible valeur de ses produits ; il en résulte une augmentation considérable de la densité d'arbres à l'hectare, ce qui génère la stérilité des sols et l'asphyxie de la végétation qu'ils supportent.
6. L'accroissement de la population et les urbanisations correspondantes.
Pour toutes ces raisons, nous constatons qu'il est urgent de changer de politique et d'utiliser d'autres méthodes.
Sans nier la nécessité d'une force d'intervention efficace, nous préconisons, comme le recommande la mission des Ingénieurs Généraux nommés par le gouvernement, le recours à des aménagements forestiers dont l'architecture corresponde à la prise en compte du passage du feu. Nous l'avons fait, dans des espaces restreints faute de crédits, et nous avons obtenu des résultats spectaculaires : le feu est passé, mais n'a pas tué les arbres. Cette méthode n'est pas nouvelle ; nous la recommandons depuis plus de vingt ans et elle est conforme au
Schéma Régional de Gestion Sylvicole (SRGS) agréé par l'Etat depuis avril 2005. Mais nous croyons maintenant que nous ne pouvons plus nous contenter de comptabiliser les dégâts et de pleurer les morts chaque année.
Les avantages de la technique que nous préconisons sont considérables. Il nous semble opportun d'organiser d'urgence une réunion des principaux acteurs : propriétaires privés et publics et leurs techniciens , DRAF, DDAF, financeurs nationaux, régionaux, départementaux, européens, sous l'égide de Monsieur le Préfet de Région et de Monsieur le Préfet du Var. Dans un premier temps, pour se prononcer sur la validité du projet et dégager une enveloppe de crédits nécessaire à son étude. Dans un second temps, pour le présenter au gouvernement dans un délai permettant son approbation avant les prochaines décisions budgétaires.
Louis VALENTIN, Président du syndicat